3.12.2006

le froid et le désir

Jeanine s’ouvrait un peu plus à la nuit. Elle respirait, elle oubliait le froid, le poids des êtres, la vie démente ou figée, la longue angoisse de vivre et de mourir. Après tant d’années où, fuyant devant la peur, elle avait couru follement sans but, elle s’arrêtait enfin… Pressée de tout son ventre contre le parapet, tendue vers le ciel en mouvement, elle attendait seulement que son cœur encore bouleversé s’apaisât à son tour et que le silence se fît en elle… Alors, avec une douceur insupportable, l’eau de la nuit commença d’emplir Janine, submergea le froid, monta peu à peu du centre obscure de son être et déborda en flots ininterrompus jusqu’à sa bouche pleine de gémissements. L’instant d’après, le ciel entier s’étendait au-dessus d’elle, renversée sur la terre froide. –Albert Camus, La femme adultère

La mujer adúltera de Camus no hace el amor con nadie, hace el amor con el sueño imposible de las vidas múltiples a las que ha renunciado. Yo no puedo mentirme. Ni quiero. Cuando presto atención está todo claro: mi voz, al borde de mis bordes.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home